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Austropotamobius pallipes

L'écrevisse à pieds blancs ou à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) est une espèce de crustacés dont l'aire naturelle de répartition est l'Europe de l'Ouest.

Comme les autres espèces d'écrevisses autochtones de l'ouest de l'Europe, elle est en rapide et constant recul depuis plusieurs décennies, en raison de « pressions anthropiques comprenant le braconnage, la pêche intensive, et la dégradation de la qualité de l'eau et de l'habitat »[1] ainsi que la concurrence d'espèces introduites. Elle est considérée par certains auteurs comme une espèce patrimoniale et bioindicatrice, voire une des « espèces phares pour une bonne qualité environnementale », ainsi que comme une « espèce parapluie »[1].

La larve est planctonique (zooplancton) et les adultes sont visibles de juin à septembre, l'activité est réduite en hiver.


Répartition, démographie


À l'ouest de l'Europe, on la trouve en Irlande, Grande-Bretagne. C'est l'unique espèce d’écrevisse présente en Irlande[2] où comme en Angleterre ses actuelles populations ont des ancêtres qui sont probablement arrivés de France (via les cours d'eau qui coulaient alors dans l'actuel pas de Calais ou importée par l'Homme préhistorique), après le dernier maximum glaciaire[1].

Dans le reste de l'Europe de l'Ouest, elle vit de l'Europe du Nord à l'Espagne et au nord du Portugal (où elle a été introduite dans les années 1930). C'est une des trois espèces autochtones de France.

Elle a aussi été introduite en Corse, en Italie, en Yougoslavie et est présente ou (ré)introduite de façon plus sporadique en Allemagne[3], Suisse et Autriche.


Description


Austropotamobius pallipes (Grand aquarium de Touraine, Lussault-sur-Loire, Indre-et-Loire, France).
Austropotamobius pallipes (Grand aquarium de Touraine, Lussault-sur-Loire, Indre-et-Loire, France).

La taille maximale des adultes est de 9 à 12 cm, ceux-ci pèsent alors de 30 à 90 g.

Sa croissance est plus lente et sa maturité sexuelle plus tardive que celles des espèces exotiques envahissantes qui la concurrencent, mais elle peut vivre plus longtemps qu'elles.

Les tailles et les masses maximales sont atteintes lorsque l'animal a une douzaine d'années. La maturité est atteinte lorsque les animaux atteignent cinq centimètres de long (à l'âge de deux ou trois ans).

Elle se distingue par la présence théorique de deux paires d'épines latérales sur le sommet de son rostre. En pratique, il est fréquent que l'une des quatre épines soit manquantes, indifféremment du côté droit ou du côté gauche. Elle est d'une couleur uniformément verdâtre, ce qui lui permet de se fondre dans les environnements végétalisés ; sa couleur varie du bronze au gris olivâtre ; une des variétés toutefois est dépourvue de pigment bleu ce qui lui donne une couleur rouge vermillon.


Habitat, écologie


Elle peuple préférentiellement les eaux froides, non polluées, claires et vives, torrents et ruisseaux. Elle a généralement disparu des zones agricoles et industrialisées, mais peut encore exceptionnellement être trouvée en zone périurbaine[4].

Les travaux de terrain et de laboratoire ont montré que son habitat physique préférentiel comprend les fonds caillouteux et graveleux, pourvus de blocs, les sous berges riches en racines, les herbiers aquatiques et les bois morts selon Arrignon et Roche(1983), Grandjean et al. (1996, 2000a, 2001), Smith et al. (1996), Neveu (2000) et Füreder et al. (2006) cités par Trouillé 2006[1].

Elle se rencontre aussi dans des lacs et certains canaux en Irlande et en Grande-Bretagne.

Sa répartition dépendrait de la température des eaux et de la force du courant (et de la concurrence d'espèces invasives). Ses mues sont trouvées dans les eaux dont la température dépasse 10 °C.

Ses populations sont parfois mêlées à celle d’Astacus astacus (espèces autochtones) en France et en Allemagne, cette dernière espèce étant toutefois en forte régression ou ayant récemment disparu d'une grande partie de son aire naturelle de répartition. Austropotamobius torrentium occupe des territoires différents lorsque les deux espèces occupent les mêmes cours d'eau (en Allemagne, Autriche, Suisse et Yougoslavie).

En France, elle est encore présente dans certaines rivières, plutôt préservées de toute pollution. Elle peut cohabiter et interagir avec d'autres espèces d'écrevisses[5],[6] dont avec deux autres espèces autochtones (dont l'une est également verte) ou avec des espèces introduites (à son détriment dans ce cas).


Réglementation


En raison des menaces de disparition qui pèsent sur elle, il est strictement interdit de la pêcher. Mais dans certains départements de France la capture de cette écrevisse est autorisée dix jours par an[7].


Reproduction


La reproduction réclame des eaux de température inférieure à 12 °C en octobre. Les œufs, entre 40 et 150, sont incubés durant six à neuf mois. Elle ne se reproduit qu'une fois par an, alors que plusieurs de ses concurrentes introduites peuvent se reproduire plusieurs fois par an et pondent plus d'œufs qu'elle.


Alimentation


Les larves se nourrissent de plancton et sur le périphyton. Les juvéniles consomment encore de petits invertébrés, alors que les adultes consomment quant à eux des végétaux terrestres ou aquatiques. Un cannibalisme des adultes sur les jeunes existe et contribue à réguler la démographie de l'espèce.


Utilisation


Elle est en forte régression et n'est théoriquement plus consommée et ne devrait plus être pêchée, mais elle a joué durant plusieurs millénaires un rôle important de ressource alimentaire et pour les échanges commerciaux comme le rappelle M-C Trouilhé dans sa thèse sur cette espèce « Depuis le Moyen Âge, les écrevisses ont en Europe une importance notable dans le tissu social et culturel. D’abord fort appréciées pour leur chair par les moines et la noblesse, les écrevisses sont devenues, au cours du temps, une ressource alimentaire non négligeable pour toutes les couches sociales »[1].


Menaces et statut de protection


En 1983 elle a été classée espèce vulnérable dans la liste rouge des animaux menacés de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)[8]. Elle a ensuite été reclassée comme espèce en danger[9].

Elle figure aussi dans les annexes II et V de la directive européenne « Habitats-Faune-Flore »[10] et 97/62/EU), et dans l’annexe III de la convention de Berne.

C'est donc une des espèces devant faire l'objet d'une vigilance particulière dans le réseau Natura 2000 qui en France comprend 166 sites listés comme « lieux préférentiels de protection de cette espèce »[1].


Facteurs de régression


Les menaces pesant sur cette espèce sont nombreuses :


Génétique de l'espèce


Les données génétiques laissent penser que les populations britanniques et irlandaises actuelles d’A. pallipes se sont reconstituées après la dernière glaciation, soit naturellement, soit à la suite de réintroductions par l'Homme, en tous cas à partir de souches venant de la France dans les deux cas. Cette reconstitution est relativement récente[19],[20] au regard de l'évolution, mais des témoignages historiques montrent que les populations de cette espèce étaient importantes dans ces deux pays dès le début du XVIIe siècle[21].


Références


  1. Trouilhé, M. C. (2006) Étude biotique et abiotique de l'habitat préférentiel de l'écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) dans l'ouest de la France. Implications pour sa gestion et sa conservation (thèse de doctorat en Écologie des Systèmes Aquatiques Continentaux, soutenue 16 juin 2006 à l'Université de Poitiers), PDF, 260 pages.
  2. (en) Demers A & Reynolds JD (2002) A survey of the white-clawed crayfish Austropotamobius pallipes (Lereboullet), and of waterquality in two catchments of eastern Ireland. Bulletin Français de la Pêche et de la Pisciculture, (367), 729-740 (PDF, 12 pages)
  3. (en) Troschel HJ (1997) Distribution and ecology of A ustropotamobius pallipes in Germany, Bull. Fr. Pêche Piscic., 347, 639-647.
  4. Laurent PJ (1985), Une station d’écrevisses à pieds blancs : Austropotamobius pallipes, Lereboullet (Decapoda - Astacidae) en zone périurbaine. Bulletin de la société linnéenne de Lyon, 3, 77-88.
  5. (en) Holdich DM, Reader JP, Rogers WD & Harlioglu M (1995), Interactions between three species of crayfish (Austropotamobius pallipes, Astacus leptodactylus and Pacifastacus leniusculus).Freshwater Crayfish, 10,46-56
  6. Laurent PJ (1988), Austropotamobius pallipes and A. torrentium, with observations on their interactions with other species in Europe, In : Freshwater crayfish (Holdich DM & Lowery RS, Eds.), 341-365. London, The University Press
  7. Article R. 436-10 du code de l'environnement
  8. Baillie J & Groombridge B (1996) IUCN Red list of threatened animals. Gland, Suisse, IUCN
  9. Fiche Austropotamobius pallipes de la Liste rouge de l'UICN.
  10. Directive 92/43/EEC
  11. (en) Holdich DM, Reeve ID & Rodgers WD (1993) Introduction and spread of alien crayfish in British waters - Implications for native crayfish populations ; Freshwater Crayfish, 8, 99-112
  12. (en) Holdich DM & Lowery RS (1988) Freshwater crayfish: biology, management and exploitation. Holdich D.M., Lowery R.S. (Eds.); Londres (Grande-Bretagne), Croom Helm, 498 pp.
  13. Holdich DM (2002), Biology of Freshwater Crayfish. Holdich D.M. (Eds.); Blackwell Science, Oxford, 702 pp
  14. (en) Foster J, Turner C (1993), Toxicity of field simulated farm waste episodes to the crayfish Austropotamobius pallipes (Lereboullet) : elevated ammonia and reduced dissolved oxygen concentrations. F reshwater Crayfish, 9, 249-258
  15. Canard enchaîné, « L'autoroute de l'après-Grenelle dérape », 8 octobre 2008, p.5, http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2011/06/08/a-65-a-lienor-poursuivie-par-la-pollution-du-riumayou,197916.php
  16. DB, Environnement magazine on line ; Les Autoroutes du sud de la France (ASF) viennent de relâcher dans le ruisseau du Peisselay (69) quelque 300 écrevisses à pattes blanches nées dans un élevage conservatoire géré par le Muséum d'histoire naturelle de Besançon.(10 mars 2011)
  17. Bénédicte Lutaud, « Comment protège-t-on des espèces menacées ? », sur caminteresse.fr, Ça m'intéresse,
  18. (en) Broquet T, Thibault M & Neveu A (2002) Distribution and habitat requirements of the white-clawed crayfish, Austropotamobius pallipes, in a stream from the Pays de Loire region, France: an experimental and descriptive study. Bulletin Français de la Pêche et de la Pisciculture, (367), 717-728, PDF, 12 pages.
  19. (en) Grandjean F., Souty - Grosset C., Holdich D.M.(1997) Mitochondrial DNA variation in four British populations of the white - clawed crayfish, Austropotamobius pallipes ; indications for management. Aquatic Living Resources, 10, 121-126
  20. (en) Gouin N., Grandjean F., Pain S., Souty-Grosset C., Reynolds J. D. (2003) Origin and colonization history of the white - clawed crayfish, Austropotamobius pallipes, in Ireland. Heredity , 91 , 70 - 77
  21. (en) Reynolds JD (1998), Conservation management of the white - clawed crayfish, Austropotamobius pallipes, Part 1. Irish Wildlife Manuals, No. 1.

Voir aussi


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Liens externes



Bibliographie



На других языках


[es] Austropotamobius pallipes

El cangrejo de río europeo o cangrejo de patas blancas (Austropotamobius pallipes) es una especie de malacostráceo decápodo de la familia de los astácidos que se extiende desde la península de los Balcanes hasta la ibérica y llega hasta las islas británicas, donde se encuentra su mayor densidad de población. Vive en ríos y arroyos de poca profundidad, donde se esconde bajo piedras y troncos, y en lagos.
- [fr] Écrevisse à pattes blanches



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