Vilevolodon diplomylos
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Super-classe | Tetrapoda |
Clade | Mammaliaformes |
Clade | † Haramiyida |
Clade | † Euharamiyida |
Famille | † Eleutherodontidae |
Genre
Espèce
Vilevolodon est un genre éteint de Mammaliaformes, un haramiyidien euharamiyidien de la famille des éleutherodontidés[1].
C'est un « proto-mammifère » caractérisé par son aptitude à planer grâce à des membranes tendues entre ses membres, sa tête et la base de sa queue, des patagiums)[1].
Vilevolodon a été découvert dans la formation géologique de Tiaojishan datée du Jurassique moyen à supérieur[2],[3], dans le nord-est de la Chine, dans le xian autonome mandchou de Qinglong de la province du Hebei[1].
L'espèce type, Vilevolodon diplomylos, a été décrite en 2017 par Zhe-Xi Luo, Qing-Jin Meng, David M. Grossnickle, Di Liu, April I. Neander, Yu-Guang Zhang et Qiang Ji[1].
Le nom de genre Vilevolodon est composé du mot latin vilevol, « planeur », avec le suffixe grec don, « dent » fréquemment utilisé pour les taxons de mammifères. Le nom d'espèce diplomylos est constitué de la racine grecque diplo-, « double », et du mot grec mylos, « broyage », et fait référence à la double occlusion dentaire en « mortier et pilon » des molaires supérieures et inférieures, observée sur l'holotype[1].
L'holotype est représenté par un squelette et sa contre-empreinte, répertoriés BMNH2942A et BMNH2942B. Il s'agit d'un squelette post-crânien préservé à 70%, d'un crâne et de sa mandibule.
Son corps mesure environ 30 centimètres de longueur, sans la queue qui n'a pas été retrouvée[1].Comme chez les autres euharamiyidiens, les os de l'oreille de Vilevolodon ne sont pas complètement séparés de la mandibule[4],[1].
Autour du corps de l'animal, on observe des résidus carbonisés de membranes cutanées patagiales.
Vilevolodon est remarquable par ses membranes appelées patagiums, qui rejoignent ses pattes avant et arrière, ses joues et la base de sa queue un peu à la manière des écureuils volants et des lémurs « volants » actuels. La préservation de cette membrane tégumentaire est rare dans le registre fossile.
Cette découverte intervient après celle en 2006 de Volaticotherium, un mammifère eutriconodonte découvert dans cette même formation de Tiaojishan, devenu le plus ancien mammifère « volant » (vol plané), environ 110 Ma (millions d'années) plus vieux que tous ceux connus auparavant (le plus ancien identifié était alors une chauve-souris ayant vécu à l'Éocène inférieur, il y a environ 51 Ma[5]). Il a été rejoint ensuite par des haramiyidiens « volants » chinois contemporains dont Vilevolodon, mais aussi Maiopatagium et Xianshou[6], avant d'être dépassé par le genre argentin Argentoconodon, datant de la fin du Jurassique inférieur (Toarcien supérieur) à la partie inférieure du Jurassique moyen (Bathonien basal)[7],[8].
Vilevolodon montre trois paires de patagiums, de l'avant vers l'arrière :
La répartition entre les trois types de patagiums est proportionnellement similaire à celle des écureuils arboricoles actuels de la famille des Sciuridae. Le pelage de Vilevolodon est conservé comme un tapis de fourrure carbonisée et de longs poils compressés sur les membranes patagiales[1].
La morphologie dentaire de Vilevolodon est caractérisée par une double occlusion des molaires de type « mortier et pilon » dans laquelle la cuspide distale la plus haute de la molaire supérieure s'insère dans le bassin distal le plus profond de la molaire inférieure opposée. De même la cuspide mésiale la plus haute de la molaire inférieure s'encastre simultanément dans le bassin mésial de la molaire supérieure opposée. Ce type d'occlusion complexe permet un double fonctionnement efficace de concassage et de broyage[1]. Un modèle occlusal similaire est observé chez d'autres haramiyidiens comme Arboroharamiya et Xianshou[9],[10].
Les incisives supérieures et inférieures ont été fossilisées au milieu de leur remplacement. Ce remplacement des incisives est décalé dans le temps (hétérochronie) par rapport à celui des molaires et prémolaires, une observation nouvelle chez les proto-mammifères[11]. La couronne des incisives inférieures est particulièrement longue (0,9 cm) par rapport à la longueur totale de la mandibule (un peu plus de 2 cm). Ce rapport est nettement supérieur à celui observé chez d'autres haramiyidiens comme Haramiyavia et Megaconus[1].
Comme pour Maiopatagium, la morphologie de ses mains et de ses pieds qui rappelle celle des chauve-souris modernes, la robustesse de sa ceinture pectorale, et la présence de patagiums témoignent d'un mode de vie arboricole et d'un comportement de repos avec le corps suspendu par ses pattes sous une branche[1],[12].
La morphologie de ses molaires indique que Vilevolodon se nourrissait de graines, mais rappelle aussi en partie celle de certaines chauve-souris actuelles qui ont un régime de fruits à chair tendre (frugivore)[1].
Vilevolodon est rattaché au clade des Mammaliaformes qui regroupe les mammifères et les genres éteints (du Trias et du Jurassique) se rapprochant le plus de ces derniers. Au sein des Mammaliaformes, Vilevolodon se place dans le clade des Haramiyida et le sous-clade des Euharamiyida. Ce sont des animaux connus à l'origine que par des dents fossiles qui montraient déjà qu'ils étaient parmi les plus primitifs (basaux) des Mammaliaformes.
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