Natsumikan, japonais ナツミカン, 夏蜜柑, なつみかん, également Amanatsu ou Natsudaïdaï au Japon, est le nom d'un arbuste et de son fruit. Il appartient à un groupe d'agrumes tardifs originaire du Japon et traditionnellement cultivé au Japon et en Chine. Cette mandarine d'été (natsu signifie été, et mikan mandarine) se récolte localement en avril pour être consommée en mai. Il est souvent confondu avec kawano natsudaidai, amanatsu daidai (甘夏橙), amanatsukan(甘夏柑), et amanatsu mikan (甘夏蜜柑(甘夏みかん).
Natsudaidai signifie littéralement en japonais daidai d'été où orange amère d'été. En Chine, il est nommé 日本夏橙 (rìběn xià chéng) soit orange 橙 (chéng), d'été 夏 (xià), du Japon 日本 (rìběn)[1],[2],[3]. En coréen 하귤 (hagyul)[4].
Natsumikan est usuel au Japon: le site de recette cookpad en japonais donne 904 recettes à base de natsumikan (2021) et aucune avec le mot natsudaidai (ナツダイダイ)[5].
Citrus natsudaidai Hayata est le nom botanique accepté (taxonomie Tanaka, 1350 occurrences en 2020 dans Google Scholar), C x natsudaidai est parfois donné comme synonyme mais inusité[6],[7],[8]. Les noms binomiaux C. aurantium L., subsp natsudaidai Hayata, C. grandis var. natsudaidai (Yu.Tanaka) Karaya,, C. natsumikan etC. × aurantium se rencontrent[9],[10],[N 1].
Natsumikan en mars
Origine et description
Les sources japonaises reconnaissent que son histoire est incertaine. Sa diffusion daterait du XXesiècle, après l'ère Meiji, il a été gratifié du titre de monument naturel national en 1927. Selon les légendes locales le semis original de ce fruit aurait été trouvé dans un jardin de la préfecture de Yamaguchi, au Japon, vers la fin du XVIIesiècle et serait toujours vivant[11]. En Chine, il est cultivé à Taïwan, dans le Fujian et le Guangdong[12].
Le test de partage d'allèles indique une relation étroite entre Kishu (mandarine C. kinokuni Tanaka), Oukan (C. suavissima Hort. ex Tanaka, mandarine chinoise) et natsudaidai. Il s'agit sur base statistique des rapprochements d'un hybride de C. maxima pollinisé par Kishu puis obtenu par semis fortuit[13].
Le fruit
Le fruit est gros, sphérique nettement aplati, diamètre d'environ 10 cm, son poids de 300 à 500 g. L'endocarpe est divisé en 12 quartiers (segments) réguliers, les graines abondantes.
La couleur du fruit passe du jaune en octobre à l'oranger en fin décembre. La peau est parfumée, adhérente, rugueuse et ferme[14].
La culture
Au Japon, après un apogée de 17 000ha en 1970, la superficie de production japonaise des natsudaidai est tombée à 1 599ha en 2017, au 5e rang des espèces d'agrumes cultivées la même année[15]. Le marché s'est effondré de 253 000 t en 1970 à 40 000 t en 2013[16],[17]. En dehors de la préfecture de Yamaguchi, on en cultive également dans les préfectures de Kagoshima, de Kumamoto, de Ehime, de Wakayama.
La floraison et la maturité de C. natsudaidai sont tardives. Le stress hydrique ou la gibbérelline n'induisent pas de floraison précoce[18]
C. natsudaidai en coupe (mars)
Variétés et cultivars
Les cultivars répertoriés dans les sources académiques sont Kawano, Beniamanatsu et orange de Tachibana[13]. La variabilité est importante, Tokurou Shimizu et al. (2016) décrivent les cultivars qu'ils ont séquencé comme des mutants somatiques, phénomène fréquent chez les agrumes reproduits par semis[N 2].
Gout, et parfum du natsumikan
Son parfum est apprécié et a fait l'objet de récompenses, il est spécifique et contient des composés aromatiques typiques avec odeur propre à C. natsudaidai[19].
Le gout est acide avant totale maturité, au début du XIXesiècle son jus était utilisé en substitution du yuzu. Après récolte et après une période d'affinage la pulpe est juteuse, orange brillant, d'une texture agréablement croquante et un bel équilibre sucre - acide - amertume. Le gout proprement dit est propre à ce fruit, évoquant certains pamplemousses (C. maxima).
Usages du natsudaidai
natsudaidai sur un marché au mois de mai
Alimentaire
Natsumikan est un agrume de table souvent transformé. Viennent en tête les recettes sucrées: confitures, marmelades, écorces ou tranches de fruit confites ou au chocolat, zeste râpé dans le flan ou la crème brulée, gelée sucrée (souvent servie dans une demi-écorce), conserve de quartiers au sirop et tous les gâteaux à base de ces sucreries, dont une crêpe Suzette locale au yaourt de natzumikan. La confiture de natsumikan est appréciée diluée dans le vin mousseux.
La ville de Hagi est connue pour ses natsumikan, utilisés notamment pour des jus ou des crèmes glacées. Au Royaume-Unis il entre dans la composition d'un gin[20].
Côté salé on le trouve dans des salades de printemps, avec les plats de viande comme le porc à l'aigre-doux, le poulet sauté qui réinterprète le canard à l'orange. En boisson on en fait une sorte de limonade, une liqueur, l'écorce parfume l'huile de riz.
Hybridation
En 1989, Shigematsu Kuhara et Yoshihiro Ohtsu obtiennent par hybridation du natsudaidai et d'un oranger des plantes résistantes au chancre bactérien des agrumes et au CTV. Une importante production d'hybrides et de chimères donnera par la suite naissance à des variétés remarquables dont l'orange de Fukuhara ou Kawano natsudaidai[21],[22],[23],[24]. Ces travaux permirent également la mise en évidence pour la première fois du lien entre la flaveur des orangers hybrides et la présence d'une flavone particulière[25].
Cidre japonais fabriqué à partir de l'agrume
Huile essentielle
En 1971, Kinoshita Hirono et Setsuko Murase ont isolé depuis le natsudaidai puis décrit et nommé un flavonol O-methylé (3-Hydroxy-5,6,7,8,3', 4'-hexamethoxyflavone), la natsudaidaine[26]. L'analyse de l'huile essentielle (2006) met en évidence 3 composés aromatiques caractéristiques de l'arôme de natsudaidai: le β-copaène, le cis-hydrate de sabinène et - en premier lieu - le 1-octanol[27]. En comparaison avec le huiles essentielles de yuzu, citron, hanayu, etc. le natsudaidai est riche en sabinène, α- et β-phellandrène[28].
L'extraction (pelage manuel du fruit) donne une rendement faible de 0.4% du fruit entier au Japon, il varie selon la maturité avec un optimum en septembre (fruit vert)[4]. L'auraptène est caractéristique de cette huile essentielle[9].
L'huile essentielle de fleur a été analysée en 2022: 43 composants aromatiques ont été détectés dont le linalol 31,14 %, anthranilate de méthyle, γ-terpinène, p-cymène, (E)-β-ocimène, limonène, indole et α-terpinéol, les auteurs (de l'Université de Yamaguchi) estiment que l'absolu de fleur de natsudaïdaï a un potentiel en parfumerie[29].
Notes et références
De nombreux sites et bibliographies apportent des précisions qui se contredisent, tant à propos des noms, des variétés, des origines de cet agrume. Les agrumes en général sont des plantes à la phylogénie complexe et la taxonomie grandement variable, suivant les auteurs et les époques. Le séquençage méthodique des différents cultivars permet de nos jours d'établir des phylogénèses solides.
Les informations concernant variétés et cultivars, issues de sources différentes peuvent paraître peu claires voire porter à confusion. Il est donc prudent de s'appuyer en priorité sur les analyses génétiques.
Références
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