Orcinus orca • Épaulard
Pour les articles homonymes, voir Orque (homonymie).
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Cetacea |
Sous-ordre | Odontoceti |
Famille | Delphinidae |
Sous-famille | Orcininae |
Genre | Orcinus |
Espèce
Statut de conservation UICN
DD : Données insuffisantes
Statut CITES
L'orque, ou épaulard (Orcinus orca), est une espèce de mammifères marins du sous-ordre des cétacés à dents, les odontocètes.
Elle a une répartition cosmopolite ; elle vit dans les régions arctiques et antarctiques jusqu'aux mers tropicales. Son régime alimentaire est très diversifié, bien que les populations se spécialisent souvent dans des types particuliers de proies. Certaines se nourrissent de poissons, tandis que d'autres chassent les mammifères marins tels que les lions de mer, les phoques, les morses et même de grandes baleines (généralement des baleineaux). Les orques sont considérées comme des superprédateurs. Les anglophones les surnomment baleines tueuses (killer whales), bien que le genre Orcinus soit propre aux seules orques.
Les orques sont fortement sociales ; certaines populations sont composées de plusieurs familles matrilinéaires qui sont parmi les plus stables de toutes les espèces animales. Les techniques de chasse sophistiquées et les comportements vocaux, qui sont souvent spécifiques à un groupe particulier et sont transmis à travers les générations, ont été décrits par les scientifiques comme des manifestations culturelles.
L'Union internationale pour la conservation de la nature évalue actuellement le statut de conservation de l'orque comme « données insuffisantes » en raison de la probabilité que les types d'orques soient des espèces distinctes. Certaines populations locales sont menacées ou en voie de disparition notamment à cause de la disparition de leur habitat, de la pollution (par les PCB — c'est l'espèce marine qui en présente en 2016 la plus forte concentration dans le sang, malgré leur interdiction depuis les années 1970 aux États-Unis et 1980 en Union européenne et la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants de 2004[1]), de la capture des mammifères marins et de la compétition alimentaire avec l'industrie de la pêche.
Les orques sauvages ne sont pas considérées comme une menace pour l'Homme, certaines s'approchent même des embarcations dans le but d'établir un contact. Cependant, il y eut des cas de spécimens captifs tuant ou blessant leurs dresseurs dans des parcs à thème marin. Les orques sont très présentes dans les mythologies des peuples navigateurs, avec une réputation allant du protecteur d'âmes humaines à celle de tueur impitoyable.
Les orques, les plus grands delphinidés, animent les plus anciennes légendes, ce qui explique qu'elles sont mises en scène dans des films et la littérature.
Mâle | Femelle | |
---|---|---|
Longueur moyenne (m) | 6,70-8,50 | 5,50-7,30 |
Longueur max (m) | 9,80 | 8,40 |
Poids moyen (tonnes) | 5-7 | 2,5-4 |
Poids max (tonnes) | 11 | 7.5 |
Les mâles mesurent entre 6 et 9,50 m de long selon les écotypes (le spécimen le plus grand jamais vu mesurait 9,74 m) et pèsent entre 3,6 et 9 tonnes (le plus lourd spécimen pesait 11 tonnes) ; les femelles sont plus petites, mesurant entre 5,2 et 7,3 m pour une masse située entre 1,3 et 3,6 tonnes (le maximum connu pour une femelle est de 7,5 tonnes). À la naissance, le nouveau-né pèse environ 150 à 220 kg et mesure entre 2 et 2,70 m de long. À la différence de la plupart des dauphins, la nageoire caudale d’une orque est large et arrondie (elle peut mesurer plus de 2,40 m d’envergure)[3].
Pouvant mesurer de 1 à 2 mètres de haut[4], l’aileron dorsal du mâle est plus grand que celui de la femelle (environ 90 cm). Il a une forme de triangle isocèle allongé tandis que l’aileron dorsal de la femelle est plus court et est falciforme[5].
Les orques ont une apparence caractéristique avec un dos noir, un ventre blanc et une tache blanche derrière et au-dessus de l’œil. Le corps est puissant et surmonté d’un grand aileron dorsal avec une tache gris foncé en forme de selle juste derrière.
Dans la nature, seul 1 % des orques ont leur nageoire dorsale courbée contre 80 % en captivité ; une des explications avancées est le fait que les orques captives restent plus souvent à la surface de l'eau et la nageoire n'est plus « soutenue » par la forte densité de l'eau salée. Elle finit par s'affaisser sur le côté[6].
Les scientifiques identifient les individus grâce aux entailles, coups et éraflures sur leurs ailerons ainsi qu'à la forme de l’aileron.
L’orque mâle a une silhouette caractéristique qui ne peut être confondue avec celle d’une autre espèce d’animal marin. Dans les eaux tempérées, les femelles et les juvéniles, s’ils sont observés d’une certaine distance, peuvent être pris pour des représentants d’espèces comme le faux-épaulard ou le dauphin de Risso.
On distingue plusieurs écotypes d'orques, qui peuvent être considérés comme sous-espèces voire espèces différentes[7]. L'UICN a annoncé que la classification de l'orque allait probablement être divisée en plusieurs parties.[réf. nécessaire]
Actuellement, neuf écotypes d'orques sont décrits et bien documentés, correspondant à neuf populations distinctes, réparties dans trois océans[8].
Bien que les documents mentionnent neuf écotypes d'orques, il faut savoir qu'il y en a, en fait, beaucoup plus : orques de Patagonie, orques de Méditerranée, orques d'Hawaï, orques au large du Chili, Mexique, orques des eaux japonaises, orques de Nouvelle-Zélande (qui se nourrissent principalement de raies), orques de Russie, orques au large des îles Canaries... Il reste beaucoup à écrire et à étudier sur les différents écotypes d'orques.
L'orque, à l'instar du grand cachalot, est un superprédateur. Au sommet de la chaîne alimentaire, elle ne connaît aucun ennemi naturel. Son alimentation est essentiellement constituée de 80 espèces de proies[14] : poissons, manchots et autres mammifères marins (lions de mer, otaries, phoques, marsouins, petites ou jeunes baleines, lamantins, dauphins). Les proportions de ces proies dans le régime alimentaire ainsi que les techniques de chasse employées varient en fonction des populations. Les orques chassent les mammifères marins tels que les phoques et lions de mer en rôdant très près des plages, et en utilisant la technique d’échouage sur le rivage.
L'orque est l'une des rares espèces qui transmettent leur savoir aux générations suivantes. Des scientifiques ont observé des orques femelles enseigner l’échouage volontaire à des groupes de jeunes orques. Cet apprentissage peut durer vingt ans. Les orques de Norvège chassant le hareng utilisent la technique dite du « carrousel » : pour rassembler les harengs en une masse compacte près de la surface, ils nagent en contournant le banc de harengs, présentant leur abdomen blanc aux poissons, et tapent avec leur nageoire caudale sur cette masse pour les assommer[15].
Le besoin social des orques est un instinct dominant très fort. Les familles d'orques passent de longues heures à communiquer et à se caresser chacune. Ce contact influence l'état moral, la durée de vie et la santé des spécimens.
Ce sont les seuls animaux non humains dont il a été prouvé que l'évolution a été influencée par des comportements culturels[16]. Certains gènes impliqués dans des fonctions spécifiques, comme l'alimentation, semblent ainsi avoir divergé entre différents groupes culturels d'orques[17].
On distingue trois types d’orques bien définis :
La plupart des données sur le cycle de vie des orques proviennent de campagnes d’observation de longue durée portant sur des populations grégaires vivant le long des côtes de Colombie-Britannique et de l’État de Washington ainsi que d’études menées sur des orques en captivité. Compte tenu de la minutie des études menées et de la nature fortement structurée des groupes d’orques de ces populations, les données dont on dispose peuvent être considérées comme justes et détaillées ; toutefois, les groupes d’orques transhumants et ceux vivant dans d’autres océans peuvent avoir des caractéristiques légèrement différentes.
Les femelles deviennent adultes dans les environs de quinze ans. À partir de cet âge, elles ont des périodes de fertilité espacées de trois à seize mois. La durée de la période de gestation est variable, de quinze à dix-huit mois. Les mères donnent naissance à un seul nouveau-né, environ une fois tous les cinq ans. Dans les groupes d’orques grégaires étudiés, les naissances s’échelonnent tout au long de l’année, le pic de naissance se situant en hiver. La mortalité des nouveau-nés est très élevée ; d’après une étude, il semble que près de la moitié décèdent avant d’avoir atteint l’âge de six mois. Les nouveau-nés sont allaités durant deux ans, mais commencent à se nourrir eux-mêmes à compter de l’âge de douze mois.
Les femelles se reproduisent jusqu’à l’âge de quarante ans, elles élèvent en moyenne cinq nouveau-nés. Les mâles deviennent sexuellement actifs à l’âge de quinze ans[18].
La longévité moyenne, la longévité maximale et l'âge moyen varient en fonction de la population d'orques considérée. La majorité des études scientifiques traitant de ce sujet portent sur les orques résidentes du nord de l'océan Pacifique (divisées en orques résidentes du Sud et orques résidentes du Nord). Pour les autres populations d'orques, et notamment pour les orques nomades, les données sont faibles ou inexistantes.
L'espérance de vie des orques fait l'objet de polémiques entre les parcs exploitant ces animaux et certains biologistes marins, océanologues et autres membres de la communauté scientifique. D'après l'étude financée par le parc SeaWorld, les orques captives auraient une espérance de vie moyenne de 41,6 ans (tous sexes confondus) contre 29 ans et 42,3 ans pour deux populations d'orques libres. Cependant, selon le documentaire Blackfish, les orques sauvages auraient une espérance de vie de 60 ans pour les mâles et même 90 ans pour les femelles. Ces chiffres sont appuyés par les résultats de l'océanologue français Christophe Guinet : « Ces animaux vivent normalement environ 40 ans pour les mâles et 60-80 ans pour les femelles ». Par ailleurs, l'espérance de vie varie d'une population à l'autre.
Chez les orques résidentes du Pacifique Nord, l'espérance de vie, ou longévité moyenne, est estimée à 50,2 ans pour les femelles et 29,2 ans pour les mâles, selon une étude menée en 1990 par les chercheurs de la Pacific Biological Station du ministère des Pêches et des Océans du Canada[19].
En 2005, les chercheurs de cette station publient une nouvelle étude[20] affinant leurs précédents résultats :
Population | Résidentes du Nord
(côte Ouest de la Colombie britannique) |
Résidentes du Nord et du Sud
(côte Ouest de la Colombie britannique et des États-Unis) |
Résidentes de la côte Sud de l'Alaska | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Sexe | Femelles | Mâles | Femelles | Mâles | Femelles | Mâles | ||
Période d'étude | 1973 - 1996 | 1996 - 2004 | 1973 - 1996 | 1996 - 2004 | 1973 - 1987 | 1984 - 2001 | ||
Espérance de vie moyenne (années) |
46 | 30 | 31 | 19 | 50 | 29 | 39 | 31 |
Les chercheurs font remarquer que plusieurs facteurs peuvent affecter l'espérance de vie de ces individus, notamment la chasse fréquente qui avait cours avant le début de la période d'étude, et la contamination par des toxines persistantes comme les PCB.
La longévité maximale des orques résidentes du Pacifique Nord est en moyenne de 80 à 90 ans pour les femelles et de 50 à 60 ans pour les mâles, selon l'étude de 1990 des chercheurs de la Pacific Biological Station du ministère des Pêches et des Océans du Canada[19]. Seule une faible proportion d'orques sauvages atteint ces âges.
En 2005, les chercheurs de cette station publient une nouvelle étude[20] affinant leurs précédents résultats :
Population | Résidentes du Nord
(côte Ouest de la Colombie britannique) |
Résidentes du Nord et du Sud
(côte Ouest de la Colombie britannique et des États-Unis) |
Résidentes de la côte Sud de l'Alaska | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Sexe | Femelles | Mâles | Femelles | Mâles | Femelles | Mâles | |
Période d'étude | 1973 - 2004 | 1973 - 1996 | 1996 - 2004 | 1973 - 1987 | 1984 - 2001 | ||
Longévité maximale | ~ 80 ans | ~ 60 à 70 ans | ~ 40 à 50 ans | ~ 80 à 90 ans | ~ 50 à 60 ans | ~ 60 à 70 ans | ~ 50 à 60 ans |
Quelques rares orques sauvages étudiées par les scientifiques atteignent des records de longévité. Granny J2, matriarche du groupe J des orques résidentes du Sud (au large de la Colombie-Britannique), est morte à l'âge estimé de 106 ans[21]. Lummi, une matriarche du groupe K de cette population est morte en août 2008 à l'âge estimé de 98 ans[22],[23]. Au sein du groupe L de cette même population, Ocean Sun L25, atteindrait les 94 ans[21].
En captivité, les orques les plus âgées actuellement en vie sont Corky II (en) du SeaWorld San Diego (née sauvage, environ 57 ans)[24], Lolita du Miami Seaquarium (née sauvage, entre 55 et 58 ans)[25], Katina du SeaWorld Orlando (née sauvage, environ 47 ans) et Kiska du Marineland du Canada (née sauvage, environ 43 ans)[26].
L'âge moyen d'une population est la moyenne des âges des individus, à un instant donné. C'est un indicateur de l'état de santé d'une population. Chez les orques[Lesquelles ?] il serait[Quand ?] de 17 ans pour les mâles et de 30 ans pour les femelles[réf. nécessaire]. Cet âge moyen, relativement faible, signifie que la natalité est élevée, et que la mortalité des jeunes individus est faible.
L’orque se nourrit de poissons (quand elle est adulte, de 60 à 80 kg), d’oiseaux de mer, de manchots, de phoques, de dauphins, de lions de mer, de marsouins et aussi d’autres cétacés, la teneur exacte de leur alimentation dépendant de leur habitat. Il s’agit de l’un des rares cétacés à s’attaquer à d’autres mammifères marins (la pseudorque attaquerait elle aussi des petits mammifères marins).
Les orques vivent, se déplacent et chassent en groupe de 3 à 40 individus dans la plupart des océans. L’éventail des techniques de chasse développées par l’orque est vaste, et dépend à la fois de la proie et de l’environnement. Ainsi, dans l’hémisphère sud, la chasse aux pinnipèdes se fait-elle parfois par échouage volontaire sur la plage. Les orques utilisent l’écholocalisation, un système de sonar naturel, sauf dans le cas de la traque des autres cétacés. Les chasses peuvent se dérouler en pleine mer ou près des côtes, auquel cas la proie est rabattue vers la terre jusqu’à ne plus pouvoir échapper à ses prédateurs. Lorsqu’il s’agit d’un gros cétacé, tous les membres du groupe participent, les uns immobilisant l’animal par la queue pendant que les autres le frappent de tous côtés. Il leur arrive d'attaquer les petits des baleines grises, mais sans toujours le succès escompté face à la réaction combative de la femelle ; ou des grands cétacés adultes diminués, hors d'état de se défendre. Contrairement à la légende[Laquelle ?], on ne connaît qu'un cas assuré de bandes d'orques faméliques qui dans l'hémisphère austral aient attaqué une famille de rorquals bleus (beaucoup plus imposants que la baleine grise) avec un relatif succès (la mère s'étant échouée sur les côtes de l'Argentine pour faire lâcher prise à un assaillant)[27].
Bien que le requin blanc et l'orque s’ignorent quand ils se croisent, il n'est pas rare que des orques s’attaquent à des requins blancs. Ainsi, dans la baie de Monterey, en Californie, une orque femelle d’environ 6 mètres et du nom de matricule "CA2" a été observée à plusieurs reprises attaquant des requins blancs. La première observation, datant d’, eut lieu quand CA2 a attaqué et tué un requin blanc de 3,50 mètres. CA2 avait attrapé le requin dans sa gueule et l'a retourné pour l'immobiliser (les requins deviennent inconscients lorsqu'ils sont mis sur le dos) et l'asphyxier, le requin immobilisé ne pouvant plus se déplacer pour récolter l'oxygène. Malgré son cuir extrêmement solide, le requin avait été mis en pièce par l’orque. La deuxième observation eut lieu quand CA2 attaqua un requin blanc plus gros (estimé à près de 4,50 mètres). Plus récemment en Afrique du Sud, deux orques surnommés Port et Starboard (« Bâbord et Tribord ») sont soupçonnés d'avoir fait au moins cinq victimes parmi les requins blancs des eaux de False Bay, à proximité de Gansbaai. Les scientifiques ignorent la raison pour laquelle ces orques ont particulièrement visé les populations de requins blancs pendant une courte période, début 2017[28].
Les orques utilisent leur vitesse et leur système d'écholocalisation dans la chasse. Il n'est pas rare que, tout comme les dauphins, elles fassent éclater par des chocs certains organes de leur proie ou adversaire — comme le foie, particulièrement visé[28].
On retrouve un comportement de chasse particulier de l'orque sur les côtes du Chili en Amérique du Sud. L'orque y longe les berges à la recherche de groupes d'otaries se trouvant sur la plage. Lorsqu'un groupe est trouvé, l'orque s'en approche furtivement en se déplaçant parallèlement à la berge tout en cachant son aileron dorsal puis se propulse en dehors de l'eau pour capturer une proie. Totalement émergée, elle peut ensuite retourner à l'eau en se balançant et se tortillant.
Le genre Orcinus appartient à la sous-famille des Orcininae (Orcininés), dans la famille des Delphinidae.
Orcinus orca est la seule espèce existante du genre Orcinus, et a été décrit pour la première fois par Carl von Linné en 1758, dans son Systema Naturae. Konrad Gessner décrit la première fois l'animal dans un livre de pêche de 1558, se basant sur un spécimen échoué dans la baie de Greifswald. L'orque est apparue il y a environ onze millions d'années.
Des études du Cytochrome b ont montré que le genre le plus proche d'Orcinus du point de vue génétique) est l'Orcaella, comprenant le dauphin de l'Irrawaddy et le dauphin à aileron retroussé d'Australie.
Les orques vivent dans tous les océans et la plupart des mers (on dit même qu'après l'humain, c'est le mammifère vivant dans le plus d'endroits différents du monde[1]) ; cependant, depuis quelques années, on ne les retrouve quasiment plus que dans les océans arctique et austral[1]. À cause de leur grande portée, leur nombre et leur densité, les estimations de distribution sont difficiles à comparer, mais elles aiment nettement mieux les latitudes plus élevées et les zones côtières que les milieux pélagiques.
Des enquêtes systématiques indiquent les plus fortes densités d'orques (plus de 0,4 individu pour 100 km2) dans le nord-est de l'Atlantique sur la côte norvégienne, dans le nord du Pacifique le long des îles Aléoutiennes, dans le golfe de l'Alaska et dans l'océan Austral hors de la côte de l'Antarctique. Elles sont considérées comme « communs » (0,20-0,40 individu pour 100 km2) dans le Pacifique Est, le long des côtes de la Colombie-Britannique, de Washington et de l'Oregon, dans l'océan Atlantique Nord autour de l'Islande et les îles Féroé. Des densités élevées ont également été signalées, sans être quantifiées, dans le nord-ouest du Pacifique, autour de la mer du Japon, dans des zones très limitées de la péninsule de Shiretoko, de la préfecture de Kushiro (des groupes transitoires et résidents ont colonisé ces domaines après 2000), de la mer d'Okhotsk, des îles Kouriles, du Kamtchatka et des îles du Commandeur ; dans l'hémisphère sud au large des côtes de l'Australie-Méridionale, la Patagonie, au large de la côte sud du Brésil et de la pointe sud de l'Afrique. De manière saisonnière, elles sont présentées comme communes dans l'Arctique canadien, y compris la baie de Baffin, entre le Groenland et du Nunavut, et autour de la Tasmanie et l'île Macquarie. Les populations des zones extracôtières et des eaux tropicales sont plus rares, mais les observations indiquent que les orques peuvent vivre dans la plupart des températures, avec des observations en Méditerranée, dans la Manche près du cap Gris-Nez, en mer d'Oman, dans le golfe du Mexique et l'océan Indien autour des Seychelles et de Mayotte. Une population distincte peut exister en Papouasie-Nouvelle-Guinée[29],[30].
La plus grande population vit dans l'hémisphère sud, dans les eaux de l'Antarctique, où elles vont jusqu'au bord de la banquise et en explorent les ouvertures, comme les bélugas de l'Arctique. Les épaulards étaient des visiteurs très saisonniers (deux mois d'été) en Arctique où ils ne s'approchaient pas de la banquise. Mais, profitant du réchauffement du grand-nord, ils colonisent plus facilement et plus longtemps des zones du nord Pacifique Arctique, dont la mer des Tchouktches, au nord du détroit de Béring, entre l’Alaska et la Russie (autrefois englacées). Ce phénomène pourrait porter préjudice aux autres mammifères marins de la région [31]. Autrefois uniquement accessibles quelques semaines les plus chaudes (fin juillet-début août) la zone est aujourd'hui fréquentée beaucoup plus longtemps (dès le et jusqu’au 16 novembre au milieu des années 2010). Des études antérieures, inspirées de constats faits en baie d'Hudson (Canada) avaient montré que l'arrivée de ce super-prédateur dans ce type d'écosystème pouvait réduire les populations de bélugas, de baleines boréales et de narvals. La mer des Tchouktches abrite aussi des morses, des bélugas, des baleines boréales et à la suite du recul des glaces on y voit parfois aussi l'ours blanc nager[31].
Les schémas de migration sont mal connus. Chaque été, les mêmes individus apparaissent au large des côtes de la Colombie-Britannique et du Washington. Malgré des décennies de recherche, les scientifiques ignorent où ces animaux vont pour le reste de l'année. Des groupes en migration ont été observés du sud de l'Alaska à la Californie centrale. Les épaulards résidents se déplacent parfois jusqu'à 160 km (100 mi) en un jour, mais peuvent être vus dans une même zone pendant un mois ou plus. Le territoire d'un groupe d'orques résident varie de 1 300 km à 810 km).
Parfois, les orques s'aventurent dans les rivières d'eau douce. Elles ont été observées jusqu’à 160 km dans le fleuve Columbia aux États-Unis. On en trouve également dans le fleuve Fraser au Canada et dans l'Horikawa au Japon. En mai 2022, une orque est observée en France dans la Seine, dont elle remonte le cours jusqu'à hauteur de Rouen. Après l'échec de diverses tentatives pour ramener l'animal très affaibli vers la mer, la décision de l'euthanasier est prise, mais le cétacé meurt avant cette intervention[32].
Le terme d'orque vient du latin orca qui désigne une sorte de cétacé[33]. Dans la première description de Carl von Linné en 1758, elle est nommée « Delphinus orca ». En 1860, Fitzinger emploie le premier terme Orcinus, tandis que Van Beneden et Gervais emploient une autre dénomination : Orca gladiator. Son nom latin subit alors plusieurs révisions successives de la systématique, et l'espèce finit par se retrouver dans le genre Grampus, sous le nom de Grampus rectipinna pour les spécimens munis d’ailerons plus développés. Aujourd’hui, l’orque (Orcinus orca) est considérée comme la seule espèce actuelle du genre Orcinus.
Le terme d'épaulard vient de l'ancien français espaart, lui-même dérivé de espee en raison de la forme de son aileron dorsal[34].
Le nom générique Orcinus signifie « qui a trait à la mort »[35] ou bien « appartenant à Orcus »[36]. Le terme italien orco signifie également « ogre »[37].
Le dictionnaire de l'Académie française, dans sa neuvième édition, précise qu'orque est du genre féminin (« une orque »), tandis qu'épaulard est du genre masculin (« un épaulard »)[38]. On lui prête le surnom de « baleine tueuse » par anglicisme en raison de son appellation anglophone killer whale.
On peut observer les orques plus particulièrement :
Roberto « Beto » Bubas, garde de la réserve de la péninsule de Valdés (Patagonie argentine), passionné par les orques de la région, a établi avec elles une relation en n’hésitant pas à se mettre à l'eau avec elles et à les toucher. Il a ainsi pu les étudier de très près, étudiant leur technique de chasse au loup ou à l’éléphant de mer par échouage, jouant à leur faire rapporter des algues, analysant leur structure sociale de groupe de familles dominées par les femelles, identifiant et nommant les individus… L'expertise reconnue de Roberto Bubas lui vaut d'intervenir dans de nombreux pays pour y contribuer à la connaissance des orques[42].
Les images de Beto Bubas diffusées à la télévision jouant avec des orques et communiquant avec elles ont eu pour effet inattendu de faire réagir un enfant autiste profond de neuf ans qui a bondi en criant : « Moi, moi! ». Cet événement a librement inspiré le film de Gerardo Olivares Le phare aux orques (2016)[42].
En captivité, elle attaque l'Homme mortellement dans de rares cas.
Ainsi trois dresseurs ont été tués par leurs orques. En 1991, l'orque Tilikum, arrachée à son milieu naturel très jeune, tue sa dresseuse Keltie Byrne au parc de Sealand of the Pacific. En 2009, une orque attire son dresseur Alexis Rodriguez au fond de l'eau et le noie au Loro Parque en Espagne (l'autopsie révélera des blessures)[43]. En 2010, Tilikum, qui avait été déplacée au parc de SeaWorld Orlando en Floride, après avoir tué sa dresseuse en 1991, attaque mortellement sa dresseuse Dawn Brancheau durant un spectacle[44]. Tilikum avait en outre été impliquée dans la mort présumée accidentelle (hypothermie) d'un homme qui s'était introduit illégalement et en pleine nuit dans le bassin des orques en 1999. En 2013, le film documentaire américain Blackfish (L'Orque tueuse en français), réalisé par Gabriela Cowperthwaite, revient sur ces trois incidents, dénonçant les effets néfastes de la captivité des orques.
Depuis 2010 en France, les soigneurs n'ont plus le droit de pénétrer dans le bassin d'une orque, tout comme en Floride. À ces accidents mortels, de nombreux accidents graves sont à dénombrer dans les parcs[45]. Ce comportement est souvent apparu lorsque l'orque est fatiguée ou contrariée.
En liberté, elles n'ont pas peur des bateaux et s'en approchent souvent. Quelques attaques d'orque sauvage sur l'Homme ont été recensées :
Les orques appartiennent à la même famille que les dauphins et, tout comme ces derniers, sont relativement aisées à dresser. Leur taille imposante, leur beauté et leurs bonds spectaculaires en font des attractions appréciées par les visiteurs des delphinariums[52].
Il existe dix delphinariums qui possèdent des orques à travers le monde : le Kamogawa Seaworld (Japon), le Loro Parque (Espagne), le Marineland d'Antibes (France), le Marineland du Canada, le Miami Seaquarium (Floride, États-Unis), le Mundo Marino (Argentine), l'aquarium du port de Nagoya (Japon), le SeaWorld San Diego (Californie, États-Unis), le SeaWorld Orlando (Floride, États-Unis) et le SeaWorld San Antonio (Texas, États-Unis).
Une ou plusieurs orques sont des personnages principaux dans les films suivants :
Ainsi que les documentaires suivants :
De nombreux timbres ont été édités avec comme sujet Orcinus orca. En voici quelques exemples :
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