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Le crabe dormeur ou dormeur ou poupard, poupart, plus connu des gastronomes sous le nom de tourteau et parfois aussi appelé crabe-de-lune ou poing-clos ou clos-poing, ou encore ouvet, a pour nom scientifique Cancer pagurus. Attention, « crabe dormeur » s'utilise aussi pour le Dromia personata.

Cancer pagurus
Tourteau de l'Atlantique
Classification
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Sous-embr. Crustacea
Classe Malacostraca
Sous-classe Eumalacostraca
Super-ordre Eucarida
Ordre Decapoda
Sous-ordre Pleocyemata
Infra-ordre Brachyura
Super-famille Cancroidea
Famille Cancridae
Genre Cancer

Espèce

Cancer pagurus
Linnaeus, 1758

Ce gros crabe de forme elliptique est un Crustacé décapode, brachyoure, appartenant à la famille des Cancéridés, trouvé sur le plateau continental européen, et peut vivre jusqu'à une vingtaine d'années (voire plus ?), atteignant alors une trentaine de cm.
Son surnom de dormeur viendrait du fait que quand on le retourne ou qu'on le sort de son habitat assez longtemps, il prend une attitude typique, repliant ses pattes et ses pinces sur le dessous de sa carapace, ne bougeant plus comme s'il dormait. Pour respirer il absorbe l’oxygène dissous dans l’eau grâce à des branchies situées à l’intérieur de la carapace. Ce nom peut aussi venir du fait que le jour, il se tient généralement immobile. Au contraire, la nuit il est très actif ; les femelles font des migrations pouvant dépasser 200 km. L'espèce a localement beaucoup régressé. Elle n'est pas considérée comme en danger, mais nécessite, comme beaucoup d'autres crustacés en forte régression près des côtes (homard, langouste, araignée) une exploitation raisonnée[1].


Description


Allure générale
Allure générale
Femelle, face ventrale
Femelle, face ventrale
Œil (verdâtre) du dormeur, pédonculé, mobile
Œil (verdâtre) du dormeur, pédonculé, mobile
Détail du feston ornant la bordure de la carapace de chitine d'un Dormeur
Détail du feston ornant la bordure de la carapace de chitine d'un Dormeur

Il peut être confondu avec Cancer bellianus, tourteau vivant plus en profondeur et avec d'autres espèces du genre Cancer trouvées ailleurs (Cancer magister ou dormeur du Pacifique), plus petit et plus sombre). On le différentie des autres crabes par :


Le tourteau est de couleur brun-chamois avec nuances orangées. Sa couleur et sa forme lui confèrent une certaine capacité à se fondre dans un environnement rocheux, capacité proche du mimétisme[2] ; il peut se confondre avec les galets ovales et la carapace des individus plus âgés est souvent garnie d'organismes marins fixés (balane, tubes calcaires d'annélides polychètes) qui accentuent ce phénomène.
De petits hydraires se fixent aussi parfois sous la tête des tourteaux, profitant sans doute des restes de son alimentation mis en suspension dans l'eau.
Comme chez la plupart des espèces, la face ventrale (dessous de la carapace et des pinces) est plus claire (beige tirant vers le jaune ou blanc).
La couleur de la carapace varie selon l'âge (premier stade, immatures, adultes, avec des nuances possibles selon les individus et la proximité temporelle d'une mue). En particulier, certains jeunes tourteaux sont parfois très clairs[3] (dépigmentation pathologique ? ou absence naturelle de pigments ?) sans qu'il s'agisse d'albinisme, car les yeux sont normalement pigmentés[3].

Les jeunes adultes mesurent de 15 à 20 cm, mais des individus plus âgés, de plus en plus rares en raison d'une pêche ancienne et régulière de l'espèce, peuvent atteindre 30 cm [4].


Habitat, répartition


On le trouvait presque partout sur la façade atlantique de l'Europe, de la Norvège au sud-Maroc [5] (voire plus au sud), et jusqu'en Mer Égée (Grèce) en Méditerranée[6]. Il est surtout abondant sur le littoral Nord Ouest de l'Europe et tout autour du Royaume-Uni.

Relativement ubiquiste, cette espèce occupe une large niche écologique.
Elle était ou est encore localement trouvée par les pêcheurs à pied sur l'estran à marée basse, où ce crabe se cache alors sous les rochers ou dans leurs anfractuosités (de jeunes individus en général).
Il vit aussi plus loin des côtes sur des fonds rocheux, sableux ou sablo-vaseux, jusqu'à 200 m de profondeur[7], dans toutes les eaux marines fraiches bordant l'Europe, jusqu’à l’Afrique de l'Ouest. Il est présent, mais très rare en Méditerranée[3]. En Bretagne sud, on le pêchait déjà à 200 m dans les années 1980.


Biologie


Bien que cette espèce soit commune dans toute l'Europe, sa biologie est encore pour partie mal connue.

Les données fournies par les crabes débarqués se limitent aux individus de taille commerciale (cm en France dans les années 1980[8]) et ne sont précises que dans le cas de pêche localisée au casier. Des élevages expérimentaux de larves et juvéniles ont permis d'étudier leur croissance, et à partir de 50 mm, de jeunes crabes peuvent être marqués et suivis par des techniques de capture-recapture[8]. Des expériences de marquage/captures-recapture ont été faites avec plusieurs milliers d'individus en Bretagne-sud et en Manche dès les années 1980. Les taux de recapture étaient de moins de 10 %.
Ces études permettent de mesurer la croissance des jeunes, mâles et femelles. On a ainsi montré que ce crabe ne grandit pas nécessairement à chaque mue[8], et que la relation taille-poids diffère pour le mâle et la femelle, avec des différences observées selon les zones géographiques étudiées[8].
Elles montrent aussi que les femelles sont assez mobile, les mâles étant, dans les zones étudiées, plus sédentaires. La cartographie des points de capture-recapture ne laisse pas apparaitre des directions privilégiées de migration saisonnières ou annuelles comme c'est le cas avec les langoustes ou d'autres espèces.
Remarque : en milieu confiné (d'élevage en laboratoire ou in situ) le cannibalisme est fréquent au moment de la mue[8].


Alimentation


Contrairement à ce que pourraient laisser penser ses imposantes pinces, ce crabe n'est pas un grand prédateur des fonds marins du plateau continental. Sa larve se nourrit de plancton en suspension ou de matières organiques en décomposition filtrées dans l'eau.
Le tourteau dormeur adulte est surtout détritivore et plus précisément nécrophage. Ce petit charognard marin joue de ce point de vue un rôle important dans les écosystèmes qu'il fréquente, en éliminant les cadavres et les restes de proies qu'il déchiquète grâce à ses pinces puissantes. Il est d'ailleurs souvent appâté dans les casiers au moyen de cadavres de poissons.
En complément, il capture aussi des proies fixées ou peu capables de fuite, appartenant à des espèces variées (crustacés et invertébrés/mollusques, dont vers marins sédentaires et gastéropodes).


Mues[9]


La mue est un moment délicat pour tous les crustacés. 5 % des crabes captifs meurent durant la mue. C'est aussi, d'après les observations réalisées sur les animaux en captivité, un moment où les crabes peuvent adopter un comportement cannibale, ce qui constitue d'ailleurs un frein à leur élevage. Chez les femelles, la mortalité lors des mues est bien moindre, car les mâles qui vont à ce moment se reproduire avec elles les protègent durant plusieurs jours (d'une vingtaine de jours avant la mue jusqu'à 10 jours après, selon les individus, et d'après les observations faites par Edwards (1971) sur 36 couples maintenus en captivité ; en moyenne cette durée de protection de la femelle par le mâle est de 8 jours en pré-mue et 5 jours en post-mue). Les mâles fécondants effectuent toujours leurs mues à un autre moment, ce qui leur permet de toujours protéger les femelles en mues.

La mue du crabe-dormeur se fait toujours sous l'eau, de nuit et loin de l'estran. Elle serait selon Aiken [1969] déclenchée par le système hormonal, activé par deux types de stimuli : température de l'eau et photopériode.

D'après les observations faites sur des animaux captifs, la mue dure de 30 minutes à 6 heures, durant lesquelles le crabe s'extrait de son ancien exosquelette ; c'est l'exuviation ; le bouclier dorsal se fend le long de lignes dites lignes exuviales. Il s'ouvre alors sous la pression du corps qui gonfle (voir pourquoi ci-dessous). L'abdomen puis les huit péréiopodes en sortent et ces derniers poussent ensuite en avant l'exuvie pour en extraire le reste du corps en finissant par les pinces.

Dès le début de la mue et durant environ 24 h, l'animal gonfle en absorbant de l'eau (60 % du poids total du corps à ce moment). Dans les mois qui vont suivre (dits période d'« intermue »), cette eau sera peu à peu remplacée par les organes et la chair en croissance. Les crabes devenus mous sont vulnérables à leurs prédateurs durant 7 à 8 jours, mais il faudra deux ou trois mois pour que la chitine ait parfaitement consolidé la carapace. Le crabe en train de muer est vulnérable à ses prédateurs naturels, mais moins à l'homme, car cessant de s'alimenter pour quelques semaines, il n'est pas attiré par les appâts des casiers de pêche.
Les mues peuvent survenir toute l'année, mais sont nettement plus fréquentes au printemps et en été.
Une étude[8] (en 1979) a montré en Bretagne-Sud 3 pics importants de mue ; en mai, juillet et octobre, mais ces pics étaient moins nets et décalés dans le temps l'année suivante (1980). Ces pics présentent une certaine corrélation avec les variations mensuelles de la température de l'eau ; les mues sont rares en dessous de 8 °C et plus fréquentes au-dessus de 10 °C.


Croissance


Avant maturité sexuelle, l'accroissement de taille et poids à la mue sont comparables pour mâles et femelles, puis il diminuent à chaque mue, plus fortement chez les femelles. Des observations faites en Manche laissent penser que les mâles après avoir atteint une taille de 10 cm, muent 3 fois plus souvent que les femelles.
La croissance est moins rapide dans les eaux froides ; le jeune crabe atteint 80 mm de longueur (350 g) à 3 à 4 ans en Bretagne-Sud/Golfe de Gascogne, alors qu'il lui faut presque le double (5 à 6 ans) en Mer du nord. Des données anglaises, intermédiaires donnent un poids moyen de 450 g vers 5 ans, kg vers 7 ans et 1,5 kg vers 15 ans[8]. On connait mal les cycles de mues à grande profondeur (vers 200 m).


Reproduction


Elle a commencé à être étudiée il y a plus d'un siècle à l'Est de la Grande- Bretagne (Écosse, Northumberland) par Williamson (1904), Pearson (1908), L. Ebour (1927-1928) et plus tard par[10], Edwards et Meaney (1968) dans les eaux du Norfolk du Yorkhshire et du sud-Irlande.

Le tourteau est une espèce gonochorique, c'est-à-dire à reproduction sexuelle obligatoire. Les glandes génitales mâle et femelles sont abritées dans le céphalothorax à la surface de l'hépatopancréas. Les femelles semblent adultes quand leur carapace atteint 73 mm.
Les dates de fécondation et fécondité varient selon la température et le milieu. En Bretagne sud, un début de développement ovarien apparait en juillet. Il se poursuit jusqu'en mars de l'année suivante où de mars à juin la femelle est sexuellement non active. Le mâle semble sexuellement mature plus tôt, dès 65 mm[8].

Williamson (1940) a supposé que le sperme contenu dans la spermathèque pouvait inhiber le déclenchement de la et donc la croissance de femelles.[pas clair] On a longtemps pensé que les bouchons empêchaient la fécondation par plusieurs mâles, mais des études génétiques de larves, montrent qu'au moins parfois, plusieurs mâles ont pu féconder une même femelle. Il pourrait aussi s'agir du sperme ancien d'un cycle de reproduction antérieur, conservé encore vivant dans la spermathèque, qui se serait mélangé avec celui du dernier mâle[6].


Migrations et génétique


En 1914, on s'intéresse déjà aux migrations des crabes[11]. De nombreux indices laissaient penser que comme d'autres espèces de grands crustacés, les dormeurs pouvaient effectuer d'importantes migrations (dépassant 260 km pour de femelles observées en Atlantique nord). Le premier de ces indices était que les dormeurs les plus gros sont toujours trouvés au large, et que ceux qui sont pêchés près du trait de côte sont plus petits. Il semblait donc que les individus migraient au fur et à mesure de leur vie vers le large et les zones plus profondes. Les études ont montré que dans la plupart des cas, la migration se fait effectivement dans des directions privilégiées (à partir des points de lâcher) Edwards (1965, 1967, voir bibliographie en bas de page), Hallback en Suède (1969)[12], Benett & Brown dans le Channel (de 1968 à 1976)[13],[14]. Il existe cependant des exceptions (a priori dans des zones de golfes à faible courant et courants giratoires[8]). Ailleurs, les déplacements se font nettement dans le sens opposé à la dérive résiduelle des courants marins. Une explication plausible étant que la femelle doit « compenser, en l'anticipant, la dérive que subissent les larves au cours de leur vie pélagique »[8].

Ces migrations, ainsi qu'une bonne dispersion des larves probablement[15], jouent indirectement un rôle important pour le brassage génétique et la large répartition biogéographique de l'espèce[8]. Le brassage génétique se fait même si bien qu'en mer Baltique on a trouvé une très forte homogénéité de l'espèce, dans la zone Kattegat-Skagerrak en Baltique, pour les marqueurs microsatellites utilisés[15].

Des premières expériences de marquage de l'exosquelette ou de pinces (claw-tag) de crabes vivants et ensuite relâchés ont été faites il y a plus d'un siècle, dans les eaux écossaises avant 1900[16] puis à l'Est de l'Angleterre par Meek (1914)[17], Tosk (1906), Donnison (1912)[8].
D'autres expériences de suivi ont été réalisées à la fin des années 1930 et des années 1950 par Williamson (1940)[18] et Mistakidis (1960)[19]. Chaque marque était perdue avec la mue, et les données restaient donc très partielles[8]. On a pu mieux suivre les déplacements pluriannuels grâce à de nouvelles techniques de marquage : « toggle-tag » et « suture-tag »[20] qui ne sont pas perdues par le crabe lors des mues[8].
En Bretagne sud, on a constaté que, comme ailleurs, les femelles sont beaucoup plus nombreuses à être capturées par les pêcheurs que les mâles ; probablement parce qu'elles se déplacent et s'exposent beaucoup plus : 39 % des dormeurs recapturés s'étaient déplacés à plus de 5 milles, parmi ce lot, 91 % étaient des femelles. 87 % des mâles recapturés avaient effectué moins de 5 milles (soit 43 % de la population recapturée sur le site de marquage)[8].


Statut de l'espèce et des populations (état, pressions, menaces)


L'évolution du comportement des consommateurs (qui souhaitent par exemple n'acheter que les pinces) pourrait encourager une surpêche de l'espèce
L'évolution du comportement des consommateurs (qui souhaitent par exemple n'acheter que les pinces) pourrait encourager une surpêche de l'espèce
Casiers de pêche
Casiers de pêche
La pression sur l'espèce augmente régulièrement (quadruplement des prélèvements en 20 ans)
La pression sur l'espèce augmente régulièrement (quadruplement des prélèvements en 20 ans)

Même si elle a localement pu régresser depuis plusieurs décennies de pêche artisanale puis industrielle ou semi-industrielle, l'espèce n'est pas considérée comme menacée pour le moment.
Certains pêcheurs notent cependant que le produit de la pêche au large des côtes françaises, anglaises et irlandaises, est moins abondant que par le passé.

Il est possible que cette espèce, soit sensible et localement vulnérable à des perturbateurs endocriniens, et à certains polluants émis dans les ports ou apportés par les cours d'eau et estuaires. C'est une espèce lucifuge, qui pourrait donc être éventuellement repoussée par certains éclairages artificiels portuaires, source de pollution lumineuse, mais cette question n'a pas fait l'objet d'études particulières.

La pêche au chalut de fond est susceptible d'endommager les fonds et les écosystèmes sur de vastes espaces. En tant que charognard, il peut en profiter dans un premier temps, mais pourrait ensuite régresser avec la dégradation générale des réseaux trophiques.

Les individus affaiblis ou plus exposés peuvent être parasités, notamment par la sacculine (Sacculina triangularis), un petit crustacé cirripède.


Pêche et filière agro-alimentaire


À la suite de la régression d'autres espèces, le Dormeur est devenu (en termes de tonnage) l'un des crustacés les plus recherchés et pêchés en Europe.

Il peut être conservé un certain temps en vivier comme à Camaret-sur-mer. Cette pêche est surtout pratiquée en été et automne, d'avril à octobre en Bretagne-Sud[8].

Malgré une réglementation précisant une taille marchande minimale (donnée en largeur de carapace en France) une pêche annuelle quantitativement croissante jusque dans les années 1980 (milliers de tonnes de dormeurs capturés rien qu'en métropole), sauf certaines années en été lors des pics de production, la demande restait supérieure à l'offre (le marché Français importait à lui seul environ 6 000 t de chair de crabe en 1986 selon la FAO[23]). La règlementation française reprend une taille marchande proposée par les professionnels[24].

Depuis les années 1970, la pêche ciblée de cette espèce s'est substituée à celle du homard et des langoustes et des araignées de mer (Maia squinada), largement surexploités[6]. Elle constitue un revenu important pour la pêche artisanale, particulièrement en France pour certains ports de Manche et d'Atlantique[6].

Au début des années 1980, la Manche était la première zone de production, au bénéfice de flottilles bretonnes et anglaises assurant respectivement plus de 40 % du total européen des pêches devant la Norvège (10 %).

Le nombre d'individus prélevés est considérable. Selon la Marine Marchande, environ 10 000 tonnes de dormeurs avaient été débarquées et déclarées en 1980 [6]. Deux ans après, 8 700 tonnes auraient été pêchées, d'une valeur de 85 millions de francs, soit environ 40 % du total européen. Presque vingt ans après (en 1999), le total des captures déclarées dans le monde selon la FAO s'élevait à 41 337 t (19 988 t pour le Royaume-Uni et 8 498 t pour la France, soit une diminution de tonnage pêché pour la France malgré des moyens techniques améliorés)[23].

Bien que cette pêche soit récente (hors pêche à pied), des chutes de rendement sont observées depuis 20 à 30 ans dans certaines zones d'Europe. Cette régression de l'espèce a causé des reconversions ou au contraire une intensification de la pêche (plus profonde, plus instrumentalisée, et avec éloignement toujours plus au large des zones de pêche)[6].

On cherche à mieux comprendre la croissance (modèle de von Bertalanffy...) et la biologie de l'espèce (ex : étude des parasitoses, des zones de reproduction et corridors et vitesses de déplacements par marquage-recapture[6].

Pour preuve de sa fraicheur, cet animal est généralement vendu vivant. Or ses pinces sont - comme celles du homard - très puissantes, suffisamment pour presque sectionner un doigt humain. Le tendon du muscle qui les ferme est donc généralement sectionné sur le bateau par le pêcheur lui-même, au niveau de l'articulation au moyen d'un outil tranchant. D'un point de vue bioéthique, c'est sans doute une source supplémentaire de souffrance pour l'animal, sans que l'on sache si elle est moindre que la pose de l'élastique sur les pinces du homard.


Règlementation



Au Royaume-Uni


Dans ce pays qui a toujours été le premier producteur de crabes-tourteaux, des objectifs de gestion de la ressource et de contrôle de l'effort de pêche se traduisent dans les textes réglementaires en 1870. Les tailles marchandes minimales sont édictées, publiées par la revue "Fishing Prospects 1979-1980, Lowestoft".


En France


Pour les pêcheurs, à partir des années 1960 apparaît une première auto-réglementation, faite par un organisme professionnel : le Comité Interprofessionnel des Crustacés et Coquillages de Pêche, et plus précisément par sa Section I : "Langouste rouge, homard, crabe et araignée", sans base scientifique ni évaluation des populations et sans tenir compte des inégalités régionales ou de la pression de pêche, mais avec l'objectif d'intuitivement déterminer la taille minimale idéale pour protéger les jeunes et les reproducteurs, sans brimer l'effort de pêche. La marine marchande édictait également des règles (publiées via des arrêtés) pour les pêcheurs amateurs.

Il est interdit pour tout grand crustacé de capturer et vendre des femelles grainées (portant leurs œufs). Il est interdit de commercialiser des crabes clairs ou blancs (venant de muer). La pêche du tourteau est interdite sur les cantonnements à crustacés créés pour tenter de protéger des noyaux de population de homards. Anne Le Foll dans sa thèse (p. 32/189) note que faute de contrôles, cette réglementation, au moment de son travail n'était pas respectée.


Valeur nutritive et risques sanitaires


C'est un crabe très recherché pour son goût et ses qualités gustatives, mais en tant que nécrophage, comme d'autres espèces de crabes, il peut localement être contaminé par certains polluants (en aval des ports industriels, de certaines épaves ou d'estuaires notamment).

Les crabes peuvent être vendus vivants, congelés, bouillis ou en boîte. Ils ont une chair délicate.

Les crabes sont une source de vitamine B12 et de zinc et contiennent énormément de vitamine E.
Constituants principaux en g/100 g :


Voir aussi



Galerie de photos



Articles connexes


  • Crustacé
  • Surpêche
  • Littoral

Bibliographie



Liens externes


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Notes et références


  1. CORPECUM, 1982. — Étude préalable à la gestion des stocks de crustacés en Bretagne. — Comité régional des pêches et cultures marines, Brest, 2 vol., 4 annexes
  2. Photo d'un dormeur dont la carapace évoque un galet (DORIS)
  3. Page Cancer pagurus, DORIS
  4. Fiche Cancer pagurus du Centre Maréis de découverte de la pêche en mer
  5. Guide d'Identification des Ressources Marines Vivantes du Maroc. Rome, FAO 263 pp. Zariquiey, R.- 1968. Crustáceos decápodos Ibéricos.Inv. Pesq. 32. 510 pp.
  6. Thèse de Anne Le Foll en Océanologie biologique : La pêcherie du tourteau Cancer pagurus sur les côtes de Bretagne Sud : déplacements, croissance, reproduction (South Brittany edible crab (Cancer pagurus) fishery : movements, growth, reproduction) ; Université de Bretagne occidentale, avec l'Institut Scientifique et Technique des Pêches Maritimes ; 1982; (sur le site d'Ifremer)
  7. Les Camarétois le pèchent entre les bancs de la Chapelle à Rochebonne le long de l'isobathe 150 m, note A. LeFoll (voir biblio)
  8. Contribution à l'étude de la biologie du crabe-tourteau Cancer pagurus sur les côtes de Bretagne sud, Anne Le Foll, Ifremer
  9. DRACH (P.), 1939. ; Mue et cycle d'intermue chez les crustacés décapodes ; Ann. Inst. Oceanogr., 19 (3) : 103-391
  10. Edwards (E.), 1966. — Mating behaviour in the European edible crab (Cancer pagurus L.). — Crustaceana, 10, Pt. I, 23-30
  11. MEEK (A.), 1914. ; Migrations of the crab ; Rep. Northumb. Sea. Fish., coram., Ill, 73 p.
  12. Hallback (H.), 1969. ; Swedish crab investigations. Some preliminary results. ;CIEM, K/27
  13. Benett (D.B.) & Brown (C.G.), 1976. ; Crab migration in the English channel 1968-1975. ; Food Fish. lab., Lowestoft U.K., Fish notice n° 44.
  14. Camus (P.), 1982. — Marquage d'une population côtière de tourteaux (Cancer pagurus L.) en baie d'Audierne (Bretagne-Sud). Premiers résultats. — CIEM, K/18.
  15. Anette Ungfors, Niall J. McKeown, Paul W. Shaw et Carl André, Lack of spatial genetic variation in the edible crab (Cancer pagurus) in the Kattegat–Skagerrak area Oxford Journals Life Sciences ; ICES Journal of Marine Science ; Volume 66, Issue 3 ; Pp. 462-469 ; doi: 10.1093/icesjms/fsn223 First published online: January 18, 2009
  16. Williamson (H.C.), 1900. , Contributions to the life-history of the edible crab (Cancer pagurus, Linn). — Rep Fish. Bd. Scotland 18 (3) : 77-143
  17. Meek (A.), 1914. ; Migrations of the crab. ; Rep. Northumb. Sea. Fish., coram., I l l, 73 p.
  18. Williamson ; 1940. — The crab fishery. — Aberdeen Journals Ltd, 1-64
  19. Mistakidis (M.N.), 1960 ; Movements of the edible crab (Cancer pagurus) in English waters. — CIEM, n° 88
  20. Edwards (E.), 1964. — The use of the suture tag for the determination of growth increments and migrations of the edible crab (Cancer pagurus). - CIEM, K/42.
    — 1965. — Observations on growth of the edible crab (Cancer pagurus). Cons. Int. Explor. Mer, Rapp. P. V., 156 : 62-70.
    — 1966. — Mating behaviour in the European edible crab (Cancer pagurus L.). — Crustaceana, 10, Pt. I, 23-30
    — 1967. — The Yorshire crab stocks. — Lab. leaf!. Fish. Lab. Burnham - on - Crouch (New Ser.), n° 17, 34 p
    — 1979. — The edible crab and its fishery in British waters. — Fishing news books Ltd. Farnham, Surrey, U.K., 1-135.
  21. Source : Affaires maritimes, citées par A Le Foll dans sa thèse* (page 20) ; * voir bibliographie
  22. Composition de la flottille en Bretagne sud (source : statistiques du CORPECUM, 1980 Rem : le CORPECUM ne donne pas les mêmes chiffres que les affaires maritimes pour les tonnages pêchés). 1980
  23. voir paragraphe 2.1
  24. (ex : décision interprofessionnelle n° 40 du CRUSCO (Comité interprofessionnel des Crustacés et Coquillages de Pêche) fixant 80 mm comme taille commerciale, bien que cette taille soit acquise près de 2 fois plus lentement par l'espèce en Mer du Nord, par rapport à la Bretagne-Sud, notait A. Le Foll dès 1984

На других языках


[es] Cancer pagurus

El buey de mar[1] (Cancer pagurus) es un crustáceo decápodo comestible que se halla en el mar del Norte, el norte del océano Atlántico, en el mar Cantábrico y en el mar Mediterráneo.
- [fr] Cancer pagurus

[ru] Большой сухопутный краб

Большой сухопутный краб[2] (лат. Cancer pagurus), также широко известный как съедобный или коричневый краб — один из видов крабов, обитающих в Северном море, северной части Атлантического океана и, возможно, в Средиземном море. Для этого вида крабов присущи большие размеры, красновато-коричневая окраска, овальный карапакс, напоминающий закрытый пирог, а также клешни с черными кончиками. Взрослая особь может иметь ширину панциря до 25 см и весить до 3 кг. Большой краб — ночной хищник, охотящийся на разнообразных моллюсков и ракообразных. Основное место промысла большого краба в Западной Европе — побережье Британских островов, в год вылавливается более 60000 тонн.



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